Fiche n° 849 : Le Puits de l'Ascension (Fils-des-Brumes 2) de Brandon Sanderson

Publié le par Librairie CRITIC

Couverture :
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Résumé :
En mettant fin au règne brutal et millénaire du tyran, ils ont réalisé l’impossible.
 À présent, Vin la gamine des rues devenue Fille-des-Brumes, et Elend Venture, le jeune noble idéaliste, doivent construire un nouveau gouvernement sur les cendres de l’Empire. Mais trois armées menées par des factions hostiles, dont celle des monstrueux koloss, font le siège de Luthadel. Alors que l’étau se resserre, une légende évoquant le mystérieux Puits de l’Ascension leur offre une lueur d’espoir.
Et si tuer le Seigneur Maître avait été la partie la plus facile ?

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Mon avis :

Avec le talent qu’on lui connaît, Brandon Sanderson relance haut la main l’intérêt de l’intrigue en tissant de nouveaux nœuds dramatiques. Et si la quatrième de couverture peut donner l’impression d’un « nouveau méchant encore plus méchant que le premier méchant qui n’était en fait pas si méchant », dans les faits, il n’en est rien et l’on comprend rapidement combien il sera difficile pour nos héros de reprendre la succession d’un trône qu’ils ont contribué à vider.

On retrouve avec bonheur ce monde ravagé digne des plus grandes œuvres post-apocalyptique et surtout les personnages : Vin et Elend bien sûr, mais aussi tous les autres : Sazed, Marsh, Clampin, Brise, Ham, etc. Malgré le délai de traduction (toujours excellente au passage), on a l’impression de ne les avoir jamais vraiment quittés. À leurs côtés, de nouvelles têtes font leur apparition tandis que des anciens (Sazed entre autres) prennent de la tête et des épaules quand il apparaît que la nouvelle menace pourrait bien tout anéantir.

Ce second volet permet à l’auteur américain de complexifier son système de magie et son univers dans son ensemble. Non content de retourner certains éléments contre les personnages, il utilise certaines « graines » qu’il avait plantées dans le premier. Malin, le Sanderson… Ce dernier a toujours avancé qu’il était un lecteur assidu de fantasy avant d’être un auteur. Cela se ressent. Vraiment. Par exemple, lorsque le lecteur se fait le constat que tel personnage manque de charisme, voilà que, quelques pages plus loi, l’auteur s’évertue à lui en donner… et réussit. Il est impressionnant de voir comment le papa l’Alcatraz sait non seulement construire un texte (montée en puissance, alternance des temps forts et faibles, retournements de situations, etc.) mais aussi de quelle façon il sait l’interroger, jeter un regard lucide sur son manuscrit – ce qui n’est pas la moindre des choses –et corriger ses propres défauts. L’héritier de la Roue du Temps montre déjà une maturité digne des plus grands ; je gage d’ailleurs que d’ici cinq ans, il ne fera plus aucun doute qu’il n’en fasse pas parti.

Néanmoins, sur les 700 pages que compte ce pavé, quelques longueurs sont à déplorer. Quelques « longues longueurs ». À l’instar de certains de ses confrères (Martin, Jordan, etc.), Sanderson se regarde parfois un peu écrire et quelques coupes franches n’auraient pas été de trop. Au moins 200 pages auraient ainsi pu rejoindre la poubelle de son bureau sans que le roman en soit trop touché, bien au contraire.

L’autre défaut est assez difficile à évoquer sans spolier la fin du premier tome pour ceux qui ne l’ont pas encore lu (« la tehon ! »). Sans trop en dire, on peut ainsi remarquer que, suite au retournement majeur du premier tome (les initiés comprendront sans peine), l’histoire a perdu un peu de son génie, de son éclat et redevient une très bonne histoire, mais une histoire banale (le terme est un peu fort), sans « génie » (c’est le mot !). On pourra aussi reprocher à l’auteur de se débarrasser trop facilement – et de manière trop artificielle – de certains personnages quand ils ont rempli leur office, quand ils n’ont plus d’intérêt majeur pour l’histoire. Enfin, ce présent volume n’est plus trop un « one-shot », et s’il possède une fin, il pourrait à certains égards être qualifié de tome de transition tant il semble faire le pont entre la révolte du premier et des évènements à venir. Le constat est on ne peut plus clair : après avoir atteint des sommets avec L’Empire Ultime, Le Puits de L’Ascension redescend vers des pics de normalité même s’il reste au-dessus de la production actuelle.    

8/10 Moins génial que son prédécesseur, Le Puits de L’ascension poursuit une trilogie de haute facture, à n’en pas douter un futur classique du genre.


Simatural

Publié dans Critiques Fantasy

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