Fiche n° 810 : Canisse de Olivier Bleyss

Publié le par Librairie CRITIC

Couverture :
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Résumé :
D'un bout à l'autre de l'univers, les vaillants gardes-pêche de l'Unité livrent une guerre sans merci aux braconniers pilleurs d'océans. Xhan était l'un des meilleurs. Mais le voici mis d'office à la retraite, et sa vie perd tout son sens... Un jour, pourtant, un inconnu lui parle d'un poisson non répertorié, d'une taille dépassant toutes les créatures connues ou même imaginables, vivant sur une planète sauvage qui ne figure sur aucune carte : Canisse. Xhan ressent un appel mystérieux vers cet animal que personne – ou presque – n'a jamais approché. Il part aussitôt à sa recherche. Mais gare : les braconniers eux aussi sont en chasse...

Informations complémentaires : à venir

Mon avis :
Il y a des romans que l'on n'attend pas vraiment et qui vous surprennent en bien. C'est le cas de Canisse, court planet-opera sorti récemment dans la collection Folio SF, laquelle fête ses 10 ans (déjà!) cette année. On trouve d'ailleurs, en ce moment, des dizaines de concours sur des blogs de lecteurs, qui permettent de gagner des romans de Maïa Mazaurette, ou encore un inédit de l'excellent Hal Duncan.

La publication d'un planet-opera français est suffisamment rare pour que l'on se permette d'y jeter un ?il attentif, surtout quand il est l'?uvre d'un auteur de littérature blanche réputé qui, a priori, vient au genre, un peu comme pour se faire un petit plaisir.
   
Et ça se sent. Malgré un début un peu lent à se mettre en place, on suit nous aussi avec un certain plaisir les aventures de Xhan, un Garde-Pêche du futur fraîchement retraité mais atteint d'un cancer du foie qui ne lui laisse plus beaucoup de temps à vivre. Un peu désabusé, il tente de retrouver un sens à sa vie et rencontre dans un repaire d'anciens Garde-Pêche un dénommé Moox, personnage étrange qui lui parle d'une non moins étrange planète où vivrait le plus gros poisson jamais répertorié. A bord d'un astronef, Xhan décide de suivre Moox jusque Canisse, la fameuse planète. Celle-ci n'est en réalité qu'un vaste océan où les terres sont quasi inexistantes. Pourtant, sur quelques îlots instables, vivent des indigènes humains, primitifs, qui aident, un peu contre leur gré, les braconniers à la pêche du Mégathalos, le léviathan tant convoité. Xhan se rendra compte, au fur et à mesure des péripéties, que son propre destin est peut-être lié au sort des mégathalos...
   
L'univers de Canisse est chatoyant, recèle bien des trésors d'invention, dignes de Jack Vance, comme l'annonce fièrement le quatrième de couverture : les coquillons explosifs, par exemple, marchandise très prisée des braconniers contre lesquels Xhan s'est battu toute son existence, les vaisseaux de pêche sont également bien décrits, tout comme l'atmosphère de Canisse, bien particulière, qui empêche la plupart des vaisseaux de repartir. Si le cadre est globalement maîtrisé, on peut aussi le dire de l'écriture de Bleys, juste et équilibrée. Mots et phrases sonnent bien, et la lecture devient très vite assez addictive. Si la fin n'est sans doute pas à la hauteur de l'ambition globale, parce que tout va trop vite dans les explications, on peut néanmoins s'avouer satisfait de cette lecture, une science-fiction à la fois classique et déroutante ; classique par le décorum, déroutante par ce que l'auteur installe dans ce décorum. Car cette réflexion sous-tendue sur les écosystèmes s'avère aussi une quête identitaire à la finalité d'un réalisme saisissant et acide, aussi acide que les dangereuses eaux de Canisse...

7,5/10 En résumé, une plutôt bonne surprise que cet inattendu inédit chez Folio SF. A goûter, et à savourer tranquillement.


L'ex d'ici et d'à côté

Publié dans Critiques SF

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