Fiche n° 317 : Zoé de John Scalzi

Publié le par Simatural

Couverture :


Résumé :
Je m’appelle Zoé et j’ai quinze ans. Je suis la fille adoptive de John et Jane Perry, ex-officiers des Forces de défense coloniale. Je suis aussi la fille de Charles Boutin, l’homme qui a donné la conscience à tout un peuple d’extraterrestres. Je suis enfin, de ce fait, l’icône de ce peuple et je vis sous la protection de Pirouette et Cacahuète, deux de ses représentants. Je suis encore – soit dit en passant – la copine d’Enzo, un garçon tout à fait mignon et qui me permet de me faire les dents. Ouf!
Mon récit commence quand John et Jane acceptent d’encadrer la colonisation d’un nouveau monde. Vous avez lu cette aventure dans La dernière colonie. Mais sûrement pas comme je vais vous la raconter.

Informations complémentaires :
http://www.critic.fr/detail_livre.php?livre=32986

Mon avis :
Présenté comme le quatrième tome de la saga initiée par Le vieil Homme et la Guerre et Les Brigades fantômes (cf l'indication portée sur la couverture), Zoé tendrait plutôt vers le tome 3 bis. En effet, il raconte grosso modo la même histoire que celle suivie dans La dernière Colonie mais d'un point de vue différent, celui de Zoé, la fille adoptive de John Perry et de Jane Sagan.

Se posent alors deux questions :
1°) Avec Zoé comme narratrice, le roman éponyme s'adresserait-il à un public d'adolescents ou du moins, à de jeunes lecteurs de SF ?
2°) Ensuite, Zoé présente-t-il un quelconque intérêt pour les lecteurs des précédents volumes ?
Ces deux questions tendent vers la même interrogation (quel est le public visé ?) et demandent des réponses distinctes. Aussi diviserai-je ma critique en deux pour tenter de répondre le plus clairement possible.

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1°) De mon point de vue, Zoé est un roman jeunesse - entendez par là, pour la jeunesse - et même un très bon si vous voulez mon avis. Je m'explique : les lecteurs de la série le savent, si l'univers imaginé par John Scalzi ne brille pas par son originalité (on pense inévitablement à Etoiles, garde à vous ! ou à La Guerre Eternelle), il est par contre suffisamment riche et complexe pour abriter de nombreuses histoires - ce que n'aura pas manquer de remarquer son auteur - et combler le vide béant laissé par les classiques précédemment cités dans le domaine de la SF militaire (à ne pas confondre avec la SF militariste : Honor Harrington, La Flotte perdue et Cie).

En plaçant une adolescente aux commandes de l'intrigue, l'auteur américain ouvre sa série à un public jeunesse - qu'il soit novice ou non en matière de science-fiction. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'initiative ne manque pas d'intérêt ni de pertinence puisqu'il adapte une univers SF adulte - et donc raisonnablement complexe - à un public habitué à des versions plus light. Résumons les thématiques brassées par Zoé : extra-terrestres, colonialisation, racisme, altérité, guerre spaciale, conflits politiques, etc. Pas mal pour un livre jeunesse non ?

Du reste, Zoé a quinze ans et doit composer avec les problèmes ordinaires qui vont de paire avec l'adolescence : un petit ami à croquer, une meilleure amie à la langue bien pendue, deux parents qui ne comprennent rien à rien et deux extra-terrestres qui la suivent partout parce que leur peuple la considère presque comme une déesse. Ordinaires ? Bon, peut-être pas le dernier... Dans tous les cas, Scalzi n'a pas oublié les spécificités de son nouveau public et intégre à son roman des thématiques qui lui sont propres. 

8/10 Dans l'optique d'un public jeunesse, Zoé est une excellente porte d'entrée sur la série, mais aussi, de manière plus générale, sur la littérature de science-fiction. Il réussit l'exploit d'associer complexité (avec son univers riche qui brasse de nombreuses thématiques propres au genre) et accessibilité (l'histoire d'une adolescente qui se cherche).


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2°) Pour les fans de la série, par contre, Zoé ne présente pas, à mon humble avis, d'intérêt majeur. Je l'ai dit : il s'intéresse à la même histoire que celle du troisième tome, avec pour seul changement, une narratrice adolescente qui s'interroge sur ses problèmes. Pas sûr que cette nouveauté trouve un écho favorable chez les vieux routards du genre ?

De plus, si Zoé affiche les mêmes qualités que son prédécesseur, il en possède malheureusement aussi les défauts : après John Perry saves the world, voici Zoé, fille de John Perry saves the World. Dommage !

Peu ou pas de nouveauté intéressante, même défaut que son prédécesseur, lire Zoé après La dernière Colonie relève presque de la perte de temps. Presque. Scalzi sait toujours raconter d'intéressantes histoires de SF. De fait, Zoé se lit sans déplaisir, avec un désagréable mais compréhensible sentiment de déjà-vu. Je ne doute pas que les fans de la série se soient jetés dessus, il faudrait juste leur faire penser à le glisser dans les mains des plus jeunes. Qui sait ? Peut-être ferez-vous un heureux... 

5.5/10 Quand on a lu les précédents tomes, Zoé ne présente clairement aucun intérêt. L'auteur n'a pas réussi à apporter un éclairage suffisament novateur pour renouveler l'intérêt de l'histoire et ne pas lasser les lecteurs de La dernière Colonie. En fait, les fans de la série attendront patiemment le prochain volume et quelque part un VRAI quatrième tome.  

Simatural

Publié dans Critiques SF

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